Pierre Mazeaud, rencontre au sommet

Dans le cadre d'une biographie, j'ai interviewé Pierre Mazeaud, l'ancien Président du Conseil Constitutionnel. L'homme qui tutoie les chefs d'Etat et les plus hauts sommets de la Terre est un personnage fascinant.

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Pierre Mazeaud serre la main à Jacques Chirac ©AFPc
Pierre Mazeaud serre la main à Jacques Chirac ©AFPc
Ce matin, j’ai rencontré Pierre Mazeaud pour les besoins d'une biographie. A 94 ans, l'ancien Président du Conseil constitutionnel est toujours aussi incroyable.

J’éprouve toujours un léger stress avant un interview, une petite montée d’adrénaline plutôt saine car elle favorise la concentration et l’acuité.

Mais ce matin, avant de sonner chez lui à Paris, j’ai renoué avec un tourbillon émotionnel oublié depuis quelques années.

Pierre Mazeaud est l’homme qui a tutoyé les Présidents de la République, les plus hauts sommets de l’État et les plus hauts sommets du monde.

Secrétaire d’État sous Pompidou et Giscard, président du Conseil constitutionnel, député à de nombreuses reprises, il est aussi le premier français au sommet de l’Everest en 1978 et l’auteur de très nombreuses premières ascensions dans les Alpes et en Italie.

Bref, un monument français de la vie politique et sportive !

Un type taillé dans le roc, célèbre pour son amitié indéfectible tout autant que pour ses coups de gueule phénoménaux. Un homme entier, intègre, amoureux de la vie intense.

Rester pro (mais aussi profiter de l’instant)

Dans ces situations qui me place face à quelqu’un d’aussi important, j'essaie toujours de préserver deux choses.

D’un côté, je ne suis pas là par hasard. Je viens l’interviewer sur un sujet précis et je dois repartir avec les informations que je cherche. Donc, ne pas se laisser piéger par ses émotions et rester professionnel est primordial.

De l’autre, j’aime ce métier parce que, justement, je peux approcher des personnalités hors du commun. Et donc je savoure aussi ces moments où mon interlocuteur dévie de l’interview et me raconte des anecdotes inédites et croustillantes. Une engueulade avec tel Président (c'est dommage, je ne peux pas vous la raconter, c’était off…), son analyse de telle situation.

Et là, j’avoue, avant de revenir au sujet de l’interview, je prends le temps de me délecter de ces anecdotes.

Et après, digérer !

Nous avons discuté pendant deux heures. Un interview plutôt long. Quand je suis sorti, j’ai marché jusqu’à la Seine toute proche. Pendant trente minutes, j’ai simplement plongé mon regard dans le courant, à la manière d’un Siddharta moderne (si vous n’avez pas lu ce roman de Herman Hesse, rattrapez vite ce manque !).

J’éprouvais réellement le besoin de m’apaiser. Le langage paraverbal est important chez un homme de 94 ans. Et même s’il a vécu une vie d’une densité incroyable, il sait désormais ce qui l’attend.

C’était poignant.